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« La tête me permet d'accentuer ma démarche, les tripes font preuve de mon engagement, et le cœur fait part de ma sensibilité.

Je choisis mes thèmes selon mon quotidien. Quand je vois quelque chose qui me touche ou qui me dérange, je réagis à travers mon travail.

C'est le mélange culturel, qui m'influence. Mes origines m'amènent à m'ouvrir, à aller voir ailleurs. La peinture est une façon de donner mon propre jugement sur ce qui m'entoure.

Je ne suis pas spécialement éclairé par un artiste. Cependant, j'aime beaucoup Picasso et Matisse ; chacun pour des raisons différentes :

  • Picasso, parce que c'est la découverte de l'an africain qui l'a amené à ses formes.
  • Matisse pour ses couleurs. »

« Je ne situe pas mon art. Il ne correspond à aucune tendance. Je m'exprime avant tout. Je ne cherche pas à donner de frontières à ce que je fais.

J'utilise tous matériaux pour donner un sens profond et riche à ma peinture.

Chaque matériau représente une forme, une lettre, un objet quelconque ou rien du tout. »

Métissage pictural

Artiste peintre depuis une vingtaine d'années, Braïma Benjaï expose quelques-uns de ses travaux ainsi que ceux des élèves de son atelier lancé en octobre dernier, dans, l'espace d'accueil du centre culturel François Mitterrand. Né en Guinée Bissau, Braïma mélange les styles, et lie l'art traditionnel africain et l'art contemporain. Pour autant, l'artiste estime ne pas être enfermé dans un registre, mais bien plus traduire ses humeurs et son imaginaire à travers ses œuvres, avec un travail de la matière qui lui est cher.

Liberté Dimanche : Pouvez-vous nous faire découvrir votre parcours ?

Braïma Benjaï : « J'ai décidé de quitter mon pays natal pour poursuivre des études d'art. J'ai donc fait l'école des Beaux-Arts à Rouen à la fin des années quatre-vingts et j'ai enchaîné avec une année de Master à l'école nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. »

L.D. : Qu'est-ce qui vous a incité à venir en France ?

B.B. : « La Guinée Bissau a vécu des années difficiles sur le plan politique. Si je voulais devenir peintre, il fallait que je parte et comme j'avais quelques personnes que je connaissais en France, je les ai rejointes. Aujourd'hui, je suis très heureux en France, et j'avoue qu'un de mes rêves serait de pouvoir monter une structure en Guinée Bissau afin de donner les moyens aux artistes locaux de pouvoir s'exprimer. »

L.D. : Et comment se fait-on un nom dans ce milieu ?

B.B. : « Je dois avouer que quand on est africain d'origine et qu'on pratique un art considéré comme contemporain, on n'a pas tous les atouts pour réussir. Je veux dire par là que des portes se sont fermées devant moi, pour quel motif ? Je vous laisse deviner. Cependant, j'ai toujours été passionné par ce que je fais, donc j'arrive à exposer, je donne des ateliers, mais ce n'est pas évident pour en vivre, »

L.D. : Qu'est-ce qui est le plus motivant peindre ou encadrer un groupe de peintres ?

B.B. : « Les deux. J'aime peindre car j'estime au même titre que des écrivains, des cinéastes ou tout autre artiste, que j'ai des choses à dire. Ma vision de la vie se traduit dans mes travaux. L'être humain est ce qu'il y a de plus important pour moi, et je devrais même dire la femme et le fait qu'elle enfante. Cela m'inspire beaucoup. Mais j'aime aussi donner des ateliers et je suis très heureux que les travaux des élèves soient exposés. Moi, je suis juste là pour les conseiller sur des techniques, pour les faire progresser sur le plan pictural, mais ce sont eux qui décident de ce qu'ils ont envie de faire. »

L.D. : Comment peut-on définir votre peinture ?

B.B. : « Je pense qu'on ne peut pas la définir. Actuellement, je travaille beaucoup sur la couleur bleue, d'ailleurs, il suffit de venir voir l'exposition pour s'en rendre compte. C'est un travail profond qui répond à des questions que je me pose sans cesse. Je trouve des réponses dans mes tableaux, puis ça recommence et comme cela indéfiniment. J'ai donc à chaque fois trois ou quatre œuvres que je construis en même temps, et cela peut me prendre plus d'un an pour terminer une toile. Ce n'est pas à moi de juger ce que je fais, mais au public car c'est lui qui donne vie à mes œuvres ».

L.D. : Qu'est ce que le mot "art" vous inspire ?

B.B. : « D'abord, je pense que l'art est un moyen universel autour duquel tout le monde se retrouve. Etre artiste, c'est aimer partager, c'est aimer connaître les autres. C'est une ouverture d'esprit extraordinaire. Le mot "art" m'inspire aussi une notion moins positive, lorsque je pense à ceux qui se font de l'argent sur le dos des artistes. C'est dommage, mais c'est comme ça ».

Propos recueillis par Sébastien ALIOME - Liberté Dimanche

Quel sens donnez-vous à ce masque qui apparaît dans vos peintures ? Est-il lié à votre histoire, à celle d'un peintre africain en France ?

Ma peinture a débuté de façon obsessionnelle par des masques enfermés dans des triangles ou des losanges et qui se convulsent ou se contorsionnent pour sortir. Elle exprime une terrible torture, une terrible angoisse et même si au fil du temps les figures sortent de plus en plus de leur triangle d'enfermement, on ressent devant toute cette série une impression très forte, très puissante d'émotion, un étouffement presque.

Les couleurs et les forment expriment toute ma culture et toute ma sensibilité, couleurs de la terre, rouge et ocre éclatant de lumière. Le visage et le masque africain témoignent de la vie, des êtres, des choses et de l'au-delà.

Ma géométrie fait élection du triangle ou du losange fermé s'ouvrant au hasard des sentiments et des émotions vers l'absolu, et me livre toute l'énigme de l'art.

Quel rapport entretient ce masque avec la mort ?

Les figures sacrées convergent vers la spiritualité du triangle, symbole du sacré tant dans la culture européenne que dans l'art africain où il représente la conjonction des êtres, maternité et naissance, mort et disparition.

   
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